"dans une industrie de main d'œuvre à longueur de nycthémère, de semaine, de mois et d'année"
Une généralisation absurde
Comme pour toute réforme, celle des 35 heures a été appliquée sans discernement selon le principe républicain d'égalité, sans tenir compte des charges de travail très différentes d'un service à l'autre.
Il faut se souvenir que l'hôpital public fut longtemps organisé en "services" autonomes, juxtaposés, pratiquement indépendants, sans coordination véritable. On se souviendra longtemps que toute tentative sérieuse de les rapprocher lors de la "départementalisation" fut repoussée par un corps médical conservateur et hostile à tout aménagement.
En effet, il est impossible d'introduire la notion de temps dans un secteur qui comporte par définition,"la permanence des soins ".
A l'époque de l'élaboration de cette réforme sans l'avis du corps médical, Mr. Edouard COUTY, alors Directeur des Hôpitaux nous avait confié – discrètement et presque confidentiellement – qu'il n'approuvait pas cette réforme dont il prévoyait toutes les conséquences mais qu'il l'appliquerait loyalement .
Les événements ont amplement confirmé ses craintes.
L'emploi du temps
Il n'a jamais été indiqué que les 35 heures ne constituaient qu'une limite légale ne s'appliquant qu'aux salariés postés ni qu'elles étaient susceptibles d'être adaptées à certaines circonstances.
Elles ne s'appliquaient donc pas aux cadres qui, au risque de me répéter, sont recrutés pour exercer une fonction de responsabilité et non pour un travail horaire. En principe, un cadre ne pointe pas, ni à une horloge, ni à tout autre système de contrôle de présence.
Reste à utiliser au mieux le temps de travail dans "l'usine de soins que représente toute installation de plateau technique lourd quel que soit son statut juridique".
Or, il faut bien reconnaître que la ponctualité n'est plus aussi impérative qu'autrefois…!
Même à l'hôpital public, il existe des temps morts, entraînant une certaine discontinuité dans le déroulement du travail perturbant le rythme habituel d'un service. Tout dépend en fait de l'autorité de fait du responsable, médecin ou panseuse pour une salle d'opération dans un service de chirurgie. On notera au passage que dans le secteur privé, l'emploi du temps et les rendez-vous sont en principe mieux respectés.
On remarquera aussi que l'autorité des anesthésistes-réanimateurs s'est progressivement substituée à celle des chirurgiens comme je l'ai rappelé au chapitre concernant ces deux spécialités.
Or, la succession des réformes a induit depuis plusieurs années une certaine inquiétude dans le personnel médical de l'hôpital justifiant des réunions programmées. Je cite simplement pour mémoire de nombreuses discussions… impromptues, génératrices parfois de conflits pouvant influencer la qualité des soins.
"part variable"
On peut dire que les 35 heures à l'hôpital ont ouvert la célèbre boite de PANDORE…