"Le choix d'un titre hospitalier est devenu de plus en plus laborieux" affirmait un des échelons administratifs les plus expérimentés de la Direction des Hôpitaux qui avait, entre autres, la tâche redoutable de négocier puis de rédiger les statuts des médecins hospitaliers au fil des réformes successives, et surtout de trouver de nouveaux titres correspondant à de nouvelles activités M. Jean DULIEGE, administrateur civil, estimé pour sa compétence et sa courtoisie, trop tôt disparu. .
Comment peut-on en effet concilier la désignation d'une fonction nouvelle bien identifiable avec le maintien d'une position hiérarchique satisfaisante pour que telle ou telle catégorie professionnelle soit correctement située, à la fois dans la gamme des échelons de rémunération et dans le sentiment de fierté que confère un titre hospitalier, vis-à-vis à la fois de la collectivité professionnelle et de la considération qu'il confère auprès des patients ?
Le vocabulaire disponible n'est pas illimité alors que la diversité des catégories statutaires augmente sans cesse.
Autrefois, c'est-à-dire avant la Réforme Debré qui avait pour objectif de "supprimer la dualité Hôpital-Faculté", les filières universitaires et hospitalières étaient bien séparées :
Après l'année préparatoire du PCN devenu PCB, puis SPCB, la Faculté conduisait au Doctorat en médecine par le chemin des examens périodiques sur 6 années et les validations de stage, jusqu'à la soutenance de thèse. L'enseignement était dispensé par les Professeurs, leurs agrégés, les chefs de travaux, les chefs de clinique, les moniteurs (en gynéco-obstétrique), et jusqu'à ce que l'anatomie soit détrônée, par les aides d'anatomie (ayant subi avec succès le concours de l'adjuvat), et les prosecteurs (ayant franchi avec succès le prestigieux concours du prosectorat). Ne l'affrontaient que ceux qui se destinaient à la chirurgie et au long parcours susceptible d'atteindre le but suprême : la chaire de clinique.
De son côté, l'hôpital public recrutait par voie de concours successifs ses différentes catégories de personnel : les externes puis les internes des hôpitaux, les assistants, et enfin les médecins, chirurgiens et spécialistes des hôpitaux. Le titre de chef de service ou de médecin-chef couronnait enfin une carrière professionnelle linéaire fortement hiérarchisée.
Le nom même des structures hospitalières a profondément évolué au fil des années : à l'heure des C.H.U. et des Hôpitaux Généraux, qui se souvient encore des hôpitaux dits de première catégorie et ceux de 2ème catégorie contre lesquels le Dr Paul GALMICHE s'élevait avec vigueur en disant qu'il n'avait jamais encore vu des "malades de première ou de deuxième catégorie". L'hôpital - hospice est heureusement devenu un "Etablissement public de Santé" ou encore un "Etablissement public d'hospitalisation".
Que dire du statut des attachés qui comportait naguère 3 catégories, l'attaché simple recruté pour un temps limité, calculé en vacation sde 3h30, l'attaché "en premier" et enfin "l'attaché consultant" recruté pour 3 ans et autorisé à passer le concours de PH et de choisir jusqu'n 1993 le secteur 2 ?
Le mode de rémunération comportait également trois échelons, tous modestes mais eux aussi hiérarchisés selon des titres antérieurement obtenus.
Enfin, le corps des attachés à temps partiel ou parcellaire qui était appelé à disparaître en 1960 selon le Pr. E. AUJALEU, à l'époque grand artisan de la Réforme Debré, est devenu si important qu'il comporte désormais une catégorie d'attachés plein-temps officiellement reconnue par son dernier statut de 2003 !
Du fait des réformes successives dont la généralisation du plein-temps fut la plus importante les assistants, les adjoints, échelons intermédiaires, ont tous été réunis en une catégorie unique, celle de "Praticien hospitalier" appelé familièrement "le P.H"  Il existe deux catégories de PH, celui qui est autorisé à exercer en ville et le "P.H. associé" dont le cursus incomplet ne lui permet pas d'exercer en ville.   dont il existait un temps 4 catégories de concours et 13 échelons de rémunération. Par contre, le titre de médecin, chirurgien, spécialiste des hôpitaux, souvenir rémanent d'un lointain passé glorieux évoque un titre plus prestigieux que celui de "PH non chef de service"…
Le versant universitaire s'est enrichi, au sommet de l'échelle, de nouvelles catégories, les P.H.U. et les P.U - P.H.. A l'inverse, au bas de l'échelle hospitalière, le titre d'externe des hôpitaux (acquis au concours) a été maintenu malgré la suppression du concours. De même, le titre de PH à temps partiel acquis au concours va peut-être fusionner avec celui d'attaché des hôpitaux, obtenu sur simple demande par un chef de service et avalisé par l'Administration loco-régionale dès lors que le poste est ouvert et "budgété" comme on dit aujourd'hui.
Seul, en se généralisant, le titre de Professeur sera passé dans le langage usuel, chaque famille préférant ainsi désigner son spécialiste en lui attribuant, avec sa confiance, le respect induit par le prestige du vocable.
Cette évolution sémantique pourra être portée à l'actif du bilan de la réforme DEBRE…