J'ai fait la connaissance de Gérard VINCENT au temps très ancien où il militait au Syndicat National des Cadres Hospitaliers (SNCH). Venant d'adhérer moi-même depuis peu à la CGC par l'intermédiaire de sa Fédération de Médecins Salariés, il m'avait paru logique d'établir des relations professionnelles et syndicales avec certains représentants non médecins des gestionnaires hospitaliers que je connaissais déjà. Mr Roland PEUVEREL, Mr. TERRAILLON, Directeur du Centre Hospitalier de MANTES notamment.
Après plusieurs entretiens encourageants, le SNCH envisageait de s'affilier à la CGC dont il appréciait le style modéré, la neutralité politique et l'ouverture intellectuelle.
Après un certain temps, on me fit comprendre que ce projet aurait bien peu de chances d'aboutir tout simplement "en raison de la présence de médecins hospitaliers !" dans la même centrale syndicale, situation qui, sur certains points, "dont celui de la hiérarchie" risquait d'engendrer des conflits internes…
A partir de cet instant, j'ai compris qu'il existerait en France, une incompatibilité fondamentale entre les pouvoirs des médecins et des gestionnaires, sauf si le Directeur était simultanément titulaire d'un diplôme de Dr. en Médecine, situation pourtant très fréquente à l'étranger ou si le médecin était formé à la gestion.
C'est ainsi que dans le climat de "démédicalisation généralisée" institué depuis 1960, il n'existe plus de médecins-directeurs que dans les hôpitaux militaires et dans les Centres de Lutte contre le Cancer.
J'ai donc suivi toutes les étapes de la carrière de Gérard VINCENT qui fut tour à tour Directeur de l'Hôtel Dieu de Paris, Directeur des Hôpitaux au Ministère de la Santé, poste extrêmement périlleux qu'il occupa avec succès pendant de nombreuses années, et enfin Délégué Général de la FHF, où il succéda au flamboyant Philippe CADENE.
Dans toutes les circonstances où j'ai approché un Gérard VINCENT d'une présentation toujours impeccable, j'ai reçu un accueil cordial, bienveillant même, de ce haut fonctionnaire dont l'abord courtois, la distinction naturelle et le propos sobre et direct rendaient les relations agréables et fécondes, malgré nos divergences conceptuelles de fond.
Dommage qu'il n'ait jamais souhaité devenir médecin !