J'ai eu le privilège de côtoyer par intermittence un homme de conviction pendant une bonne partie de sa carrière et il m'a honoré de sa confiance et son amitié. Je lui dois ce bref hommage posthume.
Issu d'une grande famille médicale nantaise, réfractaire au STO au début de ses études de médecine, il se lance dans la Résistance comme agent de renseignements d'un réseau anglais. Arrêté à FLERS en 1944, il sera déporté au camp de concentration de NEUENGAMME, et sera l'un des 3 survivants de son commando de 47 hommes. Sorti de l'enfer, Jacques SOURDILLE est un homme brisé ne pesant que 33 kilos, mais avec une volonté intacte.
Après cinq années de sanatorium et une longue convalescence, il devint un des plus brillants internes des Hôpitaux de la Région de PARIS (concours 1956), avant de gravir rapidement tous les échelons hospitalo-universitaires d'une ophtalmologie en pleine transformation.
Il mènera alors plusieurs carrières simultanées.
Il enseignera à DAKAR, et à PARIS VII, deviendra OPH expert auprès de l'OMS en 1974, puis directeur d'enquête à l'INSERM, et enfin professeur détaché à l'UNESCO.
Militant syndical, il représentera la Fédération C.G.C. des médecins salariés au Conseil Confédéral de la CGC puis au sein de la Fédération européenne des Médecins salariés et hospitaliers.
En Mai 1968, il milite contre la « chienlit ». Il est alors pressenti avec insistance pour une circonscription inattendue : après un sérieux affrontement local, il est élu député des ARDENNES. Remarqué pour sa personnalité, ses succès locaux et son rayonnement scientifique, il est appelé dans le 2ème Gouvernement de Raymond BARRE comme Secrétaire d'Etat à la Recherche. Plus tard, il retrouvera son siège de député puis il sera élu Sénateur des ARDENNES, et enfin Président du Conseil Régional de Champagne Ardenne.
Il s'est beaucoup impliqué dans le tristement célèbre dossier du sang contaminé.
Enfin, il a poursuivi parallèlement, dans la mesure du temps disponible, un exercice libéral de consultant d'ophtalmologie particulièrement apprécié et recherché par une clientèle fidèle appréciant à la fois la compétence de l'homme de science et son irrésistible rayonnement personnel.
Il disparaitra brusquement en juillet 1996 en pleine possession de ses moyens.
J'ai perdu un ami, presque un frère.