C'est mon vieil ami Jean TERQUEM qui m'avait fait rencontrer Gilles JOHANET alors conseiller social de Pierre MAUROY en 1983. Nous avions dîné tous les trois et j'avais été frappé par sa forte personnalité et sa brillante intelligence. Depuis lors, j'avais suivi d'abord par simple curiosité puis par intérêt direct, les étapes de sa carrière jusqu'au secrétariat général de la Cour des Comptes. A quelques années d'intervalle, il a occupé - fait sans précédent pour un haut fonctionnaire - à deux reprises de 1989 à 1993 puis de 1998 à ?   le même poste de Directeur de la CNAMTS, et ce dans des circonstances particulièrement délicates.
J'avais en outre lu ses principaux ouvrages et même découpé quelques articles Contes et mécomptes de la protection sociale ( 1985 éd. PUF), Santé, dépenser sans compter, (1995 – éd. Santé de France), Sécurité Sociale, une réforme sous condition, ( Revue Esprit - fév. 1997), Les conditions de mise en oeuvre d'une assurance-maladie obligatoire (Encyclopédie de l'assurance- Déc. 1997- éd. Economica), Sécurité Sociale, l'échec et le défi (1998- éd. Seuil), Pour un mariage de l'éthique et de l'économie, Bulletin de l'Ordre des médecins (janv.1999) . J'avais beaucoup apprécié sa prestation au Club 3P, le 9 Juin 1998, soit six semaines avant sa seconde nomination à la Direction de la CNAMTS. Selon le mot de Corinne DUHAMEL, « c'est un véritable croisé de l'assurance-maladie » Horizon - clinique n° 97, sept.1998. , dont la détermination se dégage de son écriture régulière et appliquée.... Son plan stratégique de redressement de l'assurance-maladie s'inscrit dans la continuité de sa pensée et de son action. Même si certains de ses propos sont parfois outranciers, voire elliptiques, il faut bien reconnaître que sa parfaite connaissance de tous les aspects de ce dossier explosif l'autorise à dire tout haut ce que beaucoup reconnaissent à voix basse et en comité restreint. Il va même plus loin que le plan JUPPE, tant il est vrai que la situation catastrophique appelle des solutions radicales pouvant conduire à un abandon du monopole de la Sécurité Sociale sur une clientèle captive et à une libéralisation du système actuel.
C'est ce qu'a refusé de comprendre Bernard WINISDOERFFER qui n'a rencontré Gilles JOHANET qu'une fois, qui n'avait rien lu de lui et qui éprouvait une antipathie viscérale à son égard au motif qu'il est... socialiste !
Il faut dire que Gilles JOHANET utilise un langage parfois abrupt, souvent abscons, et que lors de la seule entrevue avec WINISDOERFFER qui s'était aventuré sur le terrain de l'informatique qu'il croyait bien posséder, JOHANET l'a désarçonné techniquement du premier coup ! Vexé, WINISDOERFFER s'est répandu publiquement en considérations personnelles sur JOHANET, à mon avis particulièrement déplacées.
C'est une des raisons qui m'ont incité à me retirer d'une organisation conduite par les réflexes ou les mouvements d'humeur d'un responsable vindicatif prisonnier de ses convictions et de ses préjugés.