Ancien interne des Hôpitaux de Paris, ancien chef de clinique de la grande époque, chirurgien contemporain des Jean GOSSET, des LORTAT JACOB, des Maurice LUZUY, et de tout le Gotha chirurgical parisien, Jean CORDEBAR termina une carrière chirurgicale mouvementée comme chef de service à temps partiel à l'Hôpital STELL de Rueil-Malmaison comme de nombreux pieds-noirs chassés d'ALGERIE. Devenu chirurgien de la R.A.T.P., il se consacra très rapidement et totalement aux innombrables problèmes soulevés par l'exercice de la médecine salariée au sein de la Fédération Nationale CGC dirigée par Pierre GIRAULT. Avec Louis SEGUELA, radiologue du Centre Hospitalier de Perpignan, il créa la branche hospitalière de la Fédération, l'Union Nationale CGC des Syndicats de Médecins des Hôpitaux Publics dont il fut un Secrétaire Général particulièrement actif et efficace.
On lira en détail les combats victorieux qu'il a menés en faveur des hospitaliers publics dont les droits sociaux élémentaires étaient ignorés, voire contestés par une Administration embarrassée, réticente et peu réceptive. Les médecins hospitaliers de l'époque qui ont bénéficié de ses efforts lui gardèrent une infinie reconnaissance. Malheureusement, ils ont pratiquement tous disparus et le nom de CORDEBAR est tombé dans l'oubli avant de sombrer dans l'opprobre.
Comment cet homme de haute stature, au visage buriné, au profil et à la démarche d'empereur romain, à la voix de bronze d'un Aristide BRIAND, inspirant le respect de ses collègues et la crainte de l'administration, a-t-il pu déchoir de son piédestal syndical ?
Fin lettré, parlant et écrivant un français académique, Jean CORDEBAR savait déchiffrer un texte officiel, déceler un piège masqué sous le galimatias administratif, trouver d'instinct une parade juridique, l'étayer par une jurisprudence recherchée avec persévérance et développée avec gourmandise, comme le grand ténor du barreau qu'il aurait pu être. D'une logique implacable, ses démonstrations étaient parfois pimentées de réflexions acerbes sur l'incompétence ou la docilité d'une administration au service d'un pouvoir qu'il exécrait.
Pendant les longues années où je fus son Secrétaire Général, il m'a beaucoup appris et dans de nombreuses circonstances, je me suis inspiré des solutions qu'il avait adoptées
Son franc-parler lui avait valu beaucoup d'ennemis dont il avait froissé l'amour-propre. Malheureusement, pour un motif futile, il décida un jour de rompre brutalement avec la Fédération CGC des médecins qui l'aurait involontairement humilié. Il aurait pu partir la tête haute, avec panache. Avec l'aide de JULIEN-LAFERRIERE et d' OLIVIERI, il a préféré un déménagement clandestin, un soir de fin décembre, en emportant, sous couvert de pouvoirs en blanc sollicités pour une Assemblée Générale de circonstance, les archives, le matériel et le titre de son syndicat pour conserver le siège au Conseil Supérieur des Hôpitaux attaché à ce titre.
La manoeuvre découverte un 3 janvier provoqua l'indignation générale. Il fallut tout reconstituer et après enquête administrative, le siège convoité au Conseil Supérieur des Hôpitaux fut restitué à l'Union Syndicale CGC.
Par ce coup de tête insensé, CORDEBAR a terni une carrière syndicale jusqu'ici brillante et irréprochable.
Après cette première scission, j'en connaîtrai deux autres, toutes aussi lamentables et auto-destructrices... Les susceptibilités personnelles sont souvent déterminantes lorsque les ambitions sont menacées ou contrariées par des rivalités internes, réelles ou seulement supposées.