Depuis plusieurs années, la gynécologie s'efforce d'être reconnue comme une spécialité à part entière, totalement séparée de la gynécologie-obstétrique.
La gynécologie médicale pure exercée presque exclusivement par des femmes a connu depuis une trentaine d'années un accroissement considérable de clientèle correspondant manifestement à un besoin que la société moderne a engendré et entretenu à la faveur d'une connaissance hormonale approfondie, maitrisée, et du développement de la contraception. Or, la frontière entre la gynécologie médicale pure et la chirurgie gynécologique inséparable de l'obstétrique est, selon moi, très artificielle.
La sphère génitale constitue un ensemble tant physiologique que pathologique qui ne peut se justifier que par des modalités d'exercice différentes :
  • les femmes gynécologues médicales exclusives consultent en cabinet de ville, tous les jours ou seulement certains jours de la semaine,en général sur rendez-vous, mais sont le plus souvent libres les fins de semaine, comme d'ailleurs leurs clientes. Ces modalités d'exercice les dispensent ipso facto des gardes et des astreintes, si fréquentes chez leurs collègues gynécologues-accoucheurs. Elles prescrivent la pilule contraceptive, font des frottis ou placent un stérilet. Elles n'effectuent en général aucun accouchement. Elles ont en général choisi le secteur 2. Il faut bien reconnaître que le confort professionnel offert par la gynécologie médicale est de loin plus attractif que le suivant.
  • les gynécologues obstétriciens (ou obstétriciennes) ont eu une formation chirurgicale complète, leur permettant non seulement de prescrire un traitement hormonal, mais aussi d'être capable de procéder à un curettage évacuateur, d'effectuer un accouchement et de réparer une épisiotomie, d'opérer une grossesse extra-utérine, une césarienne, une hystérectomie, une cure de prolapsus, bref toute la pathologie du petit bassin. Si d'aventure, ils découvrent chemin faisant une tumeur relevant de la pathologie chirurgicale générale, leur formation et leur expérience chirurgicale leur permettent, en principe, de faire face à une situation imprévue.
Mais surtout, le gynéco-obstétricien est habitué à prendre des gardes tant en ville qu'à l'hôpital et souvent en grand nombre.
C'est pourquoi, je considère que la partie strictement gynécologique de cette spécialité ne devrait pas être séparée de la spécialité de base relative aux "maladies de la femme" comme on disait autrefois, ni que son enseignement soit extrait de la partie chirurgicale et obstétricale de son cursus complet. La gynécologie médicale et toutes les pathologies qui gravitent autour de la grossesse, de la naissance et du post-partum forment un tout qui serait artificiellement dissocié pour répondre à une certaine catégorie sociale essentiellement représentée dans les grandes villes.
Chaque diplômé(e) devrait donc recevoir un enseignement complet. S'il le souhaite, il pourra toujours limiter à sa convenance, son activité à la partie purement médicale de son certificat de spécialité d'organe.
Il me parait donc inutile de créer une spécialité nouvelle alors que le généraliste est parfaitement capable de répondre aux demandes gynécologiques formulées par leur clientèle. D'ailleurs, sauf erreur de ma part, le diplôme envisagé en France séparant la gynécologie médicale de l'obstétrique n'existerait pas dans l'Europe des 15….
Pourquoi créer une nouvelle exception française ?