La crainte d'une médecine dite "à deux vitesses" est à ce point considérée tant par les assurés que par les "décideurs" comme le mal absolu qu'il faut conjurer par tous les moyens cette éventualité apocalyptique susceptible de mettre immédiatement en péril une institution qui repose sur le principe républicain intangible de l'égalité, spécialement dans le domaine de la santé.
Hélas, 3 fois hélas ! Il y a bien longtemps - depuis 1960 exactement - que ce dogme est dépassé sans même que la population en ait vraiment conscience.
En effet, dès la première Convention – type du 12 mai 1960, la notion encore assez imprécise de "notoriété" a été affinée successivement par
  • les 3 tarifs de remboursement pour les patients ayant consulté un généraliste (C), un spécialiste ancien interne de ville de Faculté (C x 2), ou un professeur (C x 3)
  • le tarif de responsabilité pour l'assuré qui consulte un médecin non-conventionné, tarif bloqué depuis 48 ans !
  • l'attribution du Droit permanent à dépassement (DP) "avec tact et mesure" (en cours d'extinction) ;
  • la création du secteur II, ouvert sans restriction de 1980 à 1993 puis limité à certains titres lors d'une première installation.
  • l'institution d'un secteur privé pour les hospitalo-universitaires et les PH plein-temps avec tarifs libres.
  • enfin, la CMU bénéficie d'une totale gratuité à une population d'indigents non cotisants.
Force est de constater que derrière une médecine qui se prétend égalitaire, donc à vitesse unique, et qui redoute une inégalité engendrée par la crainte d'une deuxième vitesse, se dissimule en réalité une médecine à 8 vitesses … !
Il faudra bien un jour cesser de brandir le spectre des 2 vitesses de tarifs qui sont depuis longtemps largement dépassées.