L'Ordre National des Médecins a pour rôle de faire respecter le Code de déontologie par l'ensemble des Docteurs en médecine, en activité ou non.
Il s'agit d'un ensemble de règles de bonne conduite entre les médecins entre eux et vis-à-vis de leurs patients. Ces règles ont traversé les siècles et constituent l'honneur d'une profession qui disposait de peu de moyens et dont le rôle essentiel a longtemps consisté en une assistance morale du patient et de sa famille.
Tout a changé avec le XXème siècle et l'apparition d'une médecine nouvelle qui a suivi les progrès des différentes disciplines scientifiques apportant des moyens d'investigation et thérapeutiques qui ont transformé radicalement son exercice et ses résultats.
Il n'existe plus rien de commun entre le généraliste de ville (même s'il est devenu spécialiste à son tour) et le spécialiste chirurgical par exemple qui exerce désormais en équipe autour d'un plateau technique lourd en milieu hospitalier public ou privé.
Les pouvoirs publics ont partiellement tenu compte de cette évolution en acceptant, à côté de l'Académie de Médecine, la création d'une Académie de Chirurgie qui est une société savante "généraliste" pourrait-on dire, alors que la SOFCOT ou la Sté de cancérologie privée par exemple sont des sociétés plus spécialisées, tant la diversité et la complexité des progrès techniques réalisés en quelques années ont profondément transformé l'exercice de la chirurgie dans ses nombreuses déclinaisons.
Il en va de même dans les relations de la chirurgie avec les organismes sociaux, les assurances professionnelles, les relations avec les patients et leurs familles, avec les gestionnaires des plateaux techniques lourds.
Vouloir maintenir obstinément un régime médico-social unique et uniforme pour toutes les modalités d'exercice comme l'a toujours soutenu la CSMF uniquement pour assurer et prolonger son hégémonie sur l'ensemble du corps médical, se révèle opposée et même en contradiction avec une évolution naturelle vers la sélectivité des structures adaptées aux réalités du terrain et aux innombrables modes d'exercice
Il sera donc, selon nous, nécessaire d'élaborer un Ordre professionnel spécifique à la chirurgie qui a eu tant de mal au cours des siècles à conquérir son autonomie, mais ce qui était explicable au temps de MOLIERE ne l'est plus de nos jours devant les irrésistibles progrès de cette spécialité qui est encore confondue par les tutelles et les pouvoirs publics comme un mode d'exercice dont la spécificité n'a toujours pas été reconnue, notamment sur le plan social dans ses relations avec les patients (se reporter au chapitre sur la spécificité de la chirurgie).
En clair, faut-il conserver pour le chirurgien, le poids d'une responsabilité au minimum trentenaire avec le mode de rémunération traditionnel du médecin pour son acte clinique de consultation ou peut-on imaginer d'autres systèmes comme par exemple une rémunération au forfait par pathologie d'une équipe constituée autour d'un plateau technique lourd au bénéfice d'un patient affilié à un ou plusieurs organismes payeurs ?
La multiplicité des cas de figure est telle sans oublier les problèmes d'éthique (clonages, transplantations, greffes etc…) qu'il faudrait envisager toutes les situations en confrontant les points de vue de l'équipe chirurgicale, des gestionnaires des plateaux techniques lourds, des organismes sociaux ou des moyens personnels des patients et de leurs familles, pour se placer sous la tutelle d'un futur Ordre des chirurgiens.
Il existe bien un Ordre des Pharmaciens, des Sages-femmes, des Chirurgiens-dentistes et bientôt des Infirmières. Mais notre proposition peut-elle être prise en considération par une "gouvernance" toujours si peu favorable aux chirurgiens…?