La population n'ignore plus rien de la croissance des dépenses de santé, de ses causes, de ses effets, de son imperturbable progression, de la diminution régulière du niveau de la couverture sociale, de la nécessité de solutions durables, mais aussi de l'incapacité générale des tutelles de freiner le phénomène et encore moins de tenter de l'amender.
D'innombrables spécialistes d'économie de la santé ont effectué de nombreuses études, publié de savants travaux, proposé diverses solutions techniques ou politiques, ont visité et comparé dans différents pays industrialisés tous les systèmes en vigueur, élaboré différentes théories toutes plus ou moins ingénieuses, certaines tellement novatrices qu'elles ne pouvaient même pas être évoquées dans le contexte économique et social ambiant….
Depuis 1975, tous les gouvernements ont essayé d'élaborer des plans dits "de maîtrise" dont les résultats ont été éphémères, souvent après une courte amélioration initiale.
En voici une liste ne tenant pas compte des nombreux plans ou correctifs intercalaires Par exemple : le Plan stratégique de Gilles JOHANET (1998) :
DURAFOUR (1975), BARRE (1976), VEIL (1978), BARROT (1979), BEREGOVOY (1982-1983), DELORS (1983); DUFOIX (1985), SEGUIN (1986-1987), EVIN (1988), DURIEUX (1990), BIANCO (1991), BALLADUR (1993), JUPPE (1995), AUBRY (1998), MATTEI ( 2002), DOUSTE-BLAZY-Xavier BERTRAND (2004)
En comptant bien, on arrive à 17 plans en 32 ans soit une moyenne de 18 à 20 mois par plan Mme Anne de DANNE qui fut la conseillère sociale au cabinet de Edouard BALLADUR premier ministre a décompté 25 plans de redressement (et non 17) de 1975 à 2007 ! (in Quotidien du Médecin n°8225 1er octobre 2007 p.15) . Inlassablement, les gouvernements successifs s'obstinent à élaborer de nouvelles formules qui freinent parfois au début une évolution inexorable. Cette constance dans l'échec est devenue la caractéristique d'un système dépassé. Toutes les causes sont connues et parfaitement analysées. Toutes les recettes ont été essayées en vain : l'équilibre des comptes n'est plus jamais atteint depuis une trentaine d'années, malgré tous les artifices de leur présentation comptable.
Il existe donc un vice structurel de base que tout le monde dénonce mais que personne ne cherche vraiment à extirper puisque le système se perpétue de lui-même pratiquement à l'identique.
Chacun devine confusément qu'un moment viendra où le système médico-social se bloquera de lui-même entraînant une crise sociale prolongée. Chacun peut tenter d'imaginer la forme qu'elle prendra et les changements qu'elle induira nécessairement.