De plus en plus prisée aujourd'hui pour effacer les rides liées au vieillissement, corriger un nez disgracieux, des oreilles décollées, réduire une poitrine opulente, freiner une calvitie, la chirurgie réparatrice, déjà connue dès l'Antiquité, a véritablement pris son essor avec la Première Guerre mondiale en cherchant à rendre à un visage profondément mutilé, un aspect moins repoussant.
Quelques noms de pionniers de cette spécialité nouvelle doivent être cités : le Médecin Général GINESTET ou l'illustre DUFOURMENTEL dont j'ai côtoyé les deux fils Philippe et Gérard dans mes premières années.
L'Association des Gueules Cassées a, la première, cherché à sensibiliser l'opinion publique par tous les moyens, en obtenant par exemple la concession des premiers billets de la Loterie Nationale vendus dans les rues, dans les années 1930.
Par la suite, la Guerre de 1939-1945 a permis de poursuivre les progrès de cette chirurgie réparatrice puis recoustructive grâce aux greffes de peau mince utilisées avec succès chez les brûlés.
Dans les années 1950, j'avais rencontré Gaston DUCHET, devenu l'élève de John Marquis CONVERSELe Pr. CONVERSE contribua également, après le débarquement en Normandie du 6 Juin 1944, à l'extraordinaire diffusion en France du HENDBRINCK, l'appareil d'anesthésie en circuit fermé avec son bac à chaux sodée qui a donné à la chirurgie traditionnelle une impulsion nouvelle , chirurgien réparateur franco-américain, revenu en France avec l'armée américaine: il lui avait même fait cadeau de son dermatome personnel, ce merveilleux instrument permettant de prélever régulièrement un large greffon de peau ultra-mince !
J'ai eu aussi la chance d'assister à l'essor de cette chirurgie sous l'impulsion d'un modeste ancien externe des hôpitaux de NANTES. Repoussé de partout, faute de titres "suffisants", il est devenu, grâce à l'accueil bienveillant de mon maître METIVET qui lui avait fait une petite place dans son service de l'Intercommunal de CRETEIL en 1948, un des plus illustres spécialistes de cette discipline.
L'ayant vu à l'œuvre, METIVET le confia à son ami le Pr. GINESTET à FOCH. On devine la suite.
Par son travail et la constance de ses résultats, Paul TESSIER, puisque c'est de lui qu'il s'agit, s'est rapidement acquis une réputation nationale et bientôt internationale. Faut-il rappeler qu'il fut le premier chirurgien à mettre au point et à réussir l'exploit de corriger les séquelles de la maladie de CROZON Paul TESSIER vient de s'éteindre à Paris le 5 juin 2008 couvert des titres les plus enviés des milieux chirurgicaux anglo-saxons, mais ignoré de leurs homologues français... ?
J'ai eu l'occasion d'approcher dans la modeste clinique des Acacias de NEUILLY, disparue comme tant d'autres, l'inventeur de la lipo-succion, le Dr. Yves Gérard ILLOUZ, qui enseigna à un nombre croissant de chirurgiens admiratifs sa technique sans cesse améliorée.
Je n'ai jamais rencontré l'un des plus célèbre chirurgiens esthéticiens du monde, je veux citer le Dr Ivo PITANGUY, mais mon ami Pierre RECHT m'a si souvent parlé de lui que j'ai l'impression de le connaître. Pierre RECHT fut en effet pendant plusieurs années l'assistant de Marc ISELIN à la Maison départementale de Nanterre et à ce titre, il eut pour élève Ivo PITANGUY, effectuant un long remplacement d'interne dans ce service. Pour remercier RECHT des premières leçons de chirurgie qu'il lui avait données, Ivo PITANGUY, plusieurs années plus tard, fortune faite, l'invita à plusieurs reprises dans son île paradisiaque. Pendant ses séjours, le maître brésilien lui transmis à son tour ses réflexions sur la psychologie du patient à la recherche de ce qu'il a appelé "la chirurgie du bonheur"
Typologie
Si la chirurgie esthétique traite les conséquences du vieillissement physiologique (lifting, cicatrice vicieuse), la chirurgie plastique ou reconstructive corrige une anomalie de la nature (syndactylie, bec de lièvre, hypospadias), une infirmité post-traumatique (amputation accidentelle du nez ou névrôme d'un moignon d'amputation), une perte de substance ou greffe de peau après brûlure, une reconstruction mammaire après opération de Halstedt, ou encore une pathologie comme l'ablation d'un mélanome nécessitant une suture par glissement, une plastie ou une greffe cutanée.
La frontière entre toutes ces catégories est assez artificielle car cette chirurgie rassemble toutes les indications et utilise séparément ou simultanément toutes les techniques correspondantes.
Comme n'importe quelle spécialité chirurgicale, la chirurgie plastique, réparatrice et esthétique exige une discipline rigoureuse, une longue expérience et une perpétuelle auto-censure. Même si elle donne au profane l'illusion d'une apparente facilité sous-tendue par une certaine aisance matérielle puisqu'elle est souvent considérée comme une chirurgie "de confort", elle impose une éthique intransigeante qui n'est pas toujours respectée.
Du côté des "patientes", le bouche à oreille, les journaux féminins, les émissions de télévision ont fortement contribué à la vulgarisation de cette spécialité, à sa "promotion", à ses résultats en constante amélioration. Le retentissement médiatique de certains échecs ou considérés comme tels, expliquent la sévérité des tribunaux, les craintes des assureurs, l'obligation de résultat qui ne correspond pas toujours à l'image pré-opératoire espérée.
Plus encore que la chirurgie viscérale ou digestive, la chirurgie de la morphologie exige une indication soigneusement étudiée en fonction du profil psychologique de la patiente ou désormais du patient aussi.
L'aspect financier
Réputée coûteuse, cette chirurgie n'est pas prise en charge par l'Assurance-maladie, sauf pour certaines disgrâce physiques comportant un retentissement pathologique ou social. Sous réserve d'une entente préalable, une hypertrophie mammaire, une déviation de cloison, un tablier abdominal, un angiome extensif, un strabisme peuvent relever d'une chirurgie réparatrice proprement dite. La limite entre l'esthétique et la pathologie est parfois bien floue …
Les pouvoirs publics ont essayé de clarifier l'entente directe entre la demande d'intervention exprimée par la patiente et le chirurgien pressenti par l'établissement d'un devis pré-opératoire, formule soutenue par le Collège National des Chirurgiens Français.
On observera que la volonté exprimée par la patiente même de condition modeste est parfois si forte qu'elle peut conduire à des privations, à certains sacrifices financiers, voire même à recourir à l'emprunt
Cette attitude est à rapprocher du refus de certains malades de s'acquitter du modeste Euro exigé par le projet de loi RAFFARIN de réforme de l'assurance-maladie lors de la consultation d'un généraliste traitant…