Un an plus tard, au cours d'une réunion informelle organisée au Centre ASSAS Lieu de réunion mis à la disposition de l'UCCSF par le Dr. Gérard ALEXANDRE, directeur du Centre ASSAS, 56, rue de l'église, Paris 15 ème   le jeudi 26 Juin 2003 par l'UCCSF à l'initiative du Dr. Philippe CUQ (Toulouse), animateur de la Coordination des Chirurgiens libéraux entouré de plusieurs responsables de syndicats "verticaux" de chirurgiens et de spécialistes chirurgicaux dont le SYNGOF Syndicat National des Gynécologues Obstétriciens Français , il a été décidé de créer une structure syndicale unique destinée à rassembler l'ensemble des chirurgiens sous la dénomination de "Chirurgiens de France".
Certes, l'intention était pleinement justifiée par les déboires incessants subis par l'actuelle génération des chirurgiens en exercice dont la spécialité a été systématiquement ignorée par les pouvoirs publics, les caisses et l'opinion au point comme on l'a vu plus haut que la relève n'est plus assurée, tant cette profession qui exige tant et qui a reçu si peu, a perdu toute attractivité auprès des jeunes.
Cette nouvelle m'afflige et me réjouit à la fois.
Je suis navré de constater que malgré tous les efforts que nous avons déployés dans le passé, il n'en est resté qu'un très vague et lointain souvenir chez les plus anciens Le titre même de "Chirurgiens de France" était précisément celui du Bulletin de liaison entre tous les chirurgiens affiliés autrefois à la CSMF par le biais du Syndicat National des Chirurgiens Français alors présidé par le Dr BERGOUIGNAN puis par le Dr BOUTRON. Il se trouve que j'étais à cette époque le rédacteur de ce Bulletin. Personne ne s'en souvenait et pour cause et aucune objection n'a été formulée  et chez les plus jeunes le sentiment d'avoir découvert la solution miracle permettant, à coup sûr, le redressement espéré de toute une profession à l'agonie.
Mais en même temps, je constate avec une grande satisfaction que cette solution d'un rassemblement de tous les membres d'une même spécialité dans une structure syndicale unique que nous avions mise en œuvre dès 1970 était redécouverte près de deux générations plus tard comme étant la seule possible. Nos successeurs avaient en effet constaté comme nous-mêmes 33 ans plus tôt (!) que les Centrales poly-catégorielles représentatives n'avaient apporté aux chirurgiens que des désillusions, voire même constituaient des obstacles dont il fallait impérativement s'affranchir pour pouvoir survivre par nos propres moyens.
Telles furent les étapes de notre expérience lorsque, sous l'impulsion de quelques pionniers comme Jean BENASSY, Pierre GUENIN, Pierre PINEAU, Roger COUVELAIRE et sous la Présidence d'un Maître respecté, le Professeur Georges GUILLEMIN, nous avions créé en 1969 le Collège National des Chirurgiens Français dont les statuts ne furent déposés à PARIS que le 27 Novembre 1970 sous le numéro 15.000. Par la suite, nous nous sommes trouvés en janvier 1987 dans la nécessité de quitter la tutelle de la F.M.F. avec laquelle nous avions pourtant les uns et les autres des liens très anciens, pour devenir totalement indépendants.
Ainsi donc, la création des "Chirurgiens de France" m'a rajeuni de près de 34 ans. J'avais à l'époque 59 ans ! En une quinzaine d'années, nous avions atteint notre premier objectif en devenant en quelques années, la formation rassemblant la quasi-totalité des chirurgiens inquiets pour leur avenir.
Nous avions multiplié les avertissements et les mises en garde. A titre documentaire, nous soumettons ci-après quelques précédents appels pris au hasard dans nos archives :
Celui de 1975
Le Bureau du Collège National des Chirurgiens Français s'est réuni en séance exceptionnelle le dimanche 29 Juin 1975 à Paris avec le Président de la F.M.F., Pierre BELOT et le Président du Collège Fédéral des spécialistes, le Dr. Jean MARCHAND.
Les chirurgiens ne pouvant plus tolérer la dégradation du K par rapport aux autres lettres clés, le Bureau a défini des options précises dans la discussion de la prochaine Convention et dont les plus urgentes sont :
  • le relèvement de la valeur du K
  • l'indexation du K sur le C
Quels que soient les modes d'action que nous vous proposerons à l'Assemblée Générale et au-delà de vos affiliations syndicales propres, votre détermination personnelle est indispensable à la réussite de notre action. Etes-vous prêts à nous suivre ?
Si cet appel devait rester sans écho, vous ne devriez vous en prendre qu'à vous-même devant l'évolution que nous redoutons. 
Pour le Bureau : R.G.
 
Celui de 1978
En faisant parler un des responsables de l'époque, Jérôme EUVRARD essayait, avec une ironie mordante, de secouer l'apathie des uns, la résignation des autres. Texte écrit en 1978 reproduit dans les "Cahiers de Chirurgie" 19ème année n° 74, 2/1990, p.56-57
"Nous avons enfin réussi à faire tomber les chirurgiens de leur piédestal. Avec leur arrogance, leur pouvoir, leur exhibitionnisme et leurs hauts revenus, ils sont parvenus à réunir contre eux, la masse des gens (sauf peut-être ceux qui sont malades), leurs collègues médecins qui les détestent dès la salle de garde, le patronat et même les cadres qui ne supportent pas qu'on réussisse en libéral.
"Tout cela nous a bien facilité la tâche et après mise en carte de leurs actes par le K, ce qui élimine l'adéquation entre la difficulté d'un acte ou la responsabilité, fonction de l'individu traité et les honoraires (il parait pourtant qu'une complication avec un P.D.G. est plus ennuyeuse et plus coûteuse qu'avec un "travailleur immigré"), la partie est devenue belle de discuter de la valeur du K et de ne pas réévaluer celui-ci par rapport aux autres lettres-clés et encore moins par rapport au coût de la vie.
"En 17 ans et sous l'œil narquois de leurs confrères, plus nombreux dans toutes les instances et politiquement mieux implantés, nous avons réussi à diminuer de moitié en francs constants leurs revenus par rapport aux médecins et par trois par rapport au coût de la vie tout en sachant que leur fiscalité était devenue enfin exacte et que leurs frais professionnels augmentaient plus vite que tous les indices officiels.
"De propriétaires de cliniques, ils sont devenus actionnaires minoritaires puis contractuels dans une clinique appartenant à des groupes financiers, puis plus rien, enfin quémandeurs d'emploi, ce qui nous permet de proposer des postes à 8.000 frs par mois après 12 à 15 ans d'études… et ils se précipitent car nous avons aussi obtenu, il y a 10 ans, de supprimer les barrières conduisant à la carrière de chirurgien, d'où la pléthore imminente, aggravée par un certain nombre de cliniques.
"Leur absence de cohésion a été notre grande alliée. Depuis 15 ans nous n'avons jamais ressenti une véritable opposition à cette évolution et l'augmentation du travail qu'ils acceptaient pour compenser la baisse de valeur de leurs actes ne leur en laissaient plus guère le temps ni l'énergie.
"Récemment nous leur avons refusé d'augmenter les 28 frs qu'on leur donne quand ils opèrent une fracture de jambe le dimanche et ils n'ont pas bronché. Ils ont même récemment accepté 8 frs d'augmentation pour une cholécystectomie (K 80 x 0,10 centimes) pour les honoraires de l'intervention, la rémunération de leurs aides, les soins post-opératoires pendant 20 jours. Aucun autre corps de métier n'accepterait cela en France, mais puisque cela marche, nous allons tenter d'aller un peu plus loin. " 
Jérôme EUVRARD
 
Depuis 10 ans, rien n'a changé sauf que la pléthore chirurgicale n'est pas venue, tout simplement par disparition des "vocations"
Celui de 1980
Il est hélas toujours d'actualité.
" LETTRE à un Chirurgien isolé
Au seuil de sa 10ème année, le Collège National des Chirurgiens Français est devenu l'organisme le plus représentatif de la spécialité. Dans le système actuel, la "représentativité" passe en effet obligatoirement par une organisation nationale polycatégorielle: elle est refusée aux groupuscules, quelles que soient les qualités personnelles de leurs membres. A l'époque, le Collège National des Chirurgiens Français était encore affilié à la F.M.F. Il est devenu autonome le 22 janvier 1987 à la suite d'un référendum auprès de ses membres qui a approuvé cette séparation à une très forte majorité.
Rassemblant toutes les disciplines chirurgicales et toutes les formes d'exercice (hospitalo-universitaire, hospitalier à temps plein ou à temps partiel – libéraux ou mixtes), le Collège National des Chirurgiens Français est un moyen efficace de défense syndicale dont l'audience croît régulièrement.
Son succès résulte pour une bonne part de la mise en œuvre d'une doctrine inspirée par les opinions majoritaires de ses adhérents périodiquement consultés, diffusées chaque trimestre dans les Cahiers de Chirurgie.
Dans la période d'incertitude économique et professionnelle que traverse la chirurgie, et au moment où des décisions irréversibles seront prises en votre nom, vous êtes certainement soucieux d'assurer la protection de votre moyen d'exercice.
Si jusqu'ici vous avez cru pouvoir assurer seul votre défense, n'oubliez pas que
TOUT CHIRURGIEN A, a EU ou AURA, au cours de sa carrière, une ou plusieurs difficultés avec
  • - son employeur hospitalier ou son personnel
  • - son associé,
  • - un malade mécontent
  • - la Sécurité Sociale, la Justice ou le Fisc.
Dirigé par des chirurgiens bénévoles groupés en Commissions spécialisées, le Collège National des Chirurgiens Français s'est assuré les concours juridiques ou fiscaux susceptibles de répondre à tous vos besoins.
ROMPEZ VOTRE ISOLEMENT ? N'ATTENDEZ PAS DE VOUS TROUVER UN JOUR EN DIFFICULTE VOTRE INTERET VOUS COMMANDE D'ADHERER DES MAINTENANT. "
Celui de 1989
Une fois encore, Jérôme EUVRARD interpelle vigoureusement les chirurgiens.
Il exprime parfaitement la colère de toute une profession toujours aussi mal comprise des décideurs délibérément sacrifiés par les Centrales médicales polycatégorielles, bien résolu à se battre. Il a fallu beaucoup de temps pour lancer le mouvement de révolte. Rien ne l'arrêtera.
" Cher chirurgien imbécile (suite),
13 à 15 ans d'études, un travail physiquement et psychiquement épuisant, une carrière courte et fragile, des concours difficiles en principe garants d'un QI élevé, et pourtant une passivité qui frise la complaisance devant le bulldozer destructeur de l'Etat et de la Sécurité Sociale.
En 15 ans, la valeur de vos actes a diminué de moitié par rapport aux salaires des fonctionnaires qui décident sans vergogne de la valeur du K, de la Nomenclature de vos actes, de vos cotisations sociales.
L'absence de réaction violente et de syndicalisation sérieuse et unanime, votre absence aux réunions qui pourraient montrer votre force, votre ladrerie à payer vos cotisations pourtant déductibles ne peuvent que conforter dans leur détermination les sangsues qui nous pillent.
La dernière attaque (le triplement ou quadruplement des cotisations d'allocations familiales) est passée comme une lettre à la poste. Elles seront donc un peu plus "déplafonnées" l'année prochaine. Avez-vous seulement lu le nouveau calcul des cotisations ? Le 3,5 % du revenu net n'est qu'une étape provisoire. De plus, ô ironie, votre revenu de référence, celui de 1987, est revalorisé, c'est-à-dire indexé pour 1989 de 5,16%. Or, quelle indexation le K a-t-il obtenu depuis 1987 ?
On vous prend donc pour des imbéciles.
De plus, tout retard est puni de 10 + 5% par trimestre supplémentaire. Qu'avez-vous obtenu comme valorisation de vos actes parfois réglés en tiers payant avec six mois ou un an de retard ?
Faites donc bien vos calculs avant de vous laver les mains pour opérer, surtout la nuit et le dimanche, ou quand vous demandez un "dépassement" d'honoraires.
Vous devriez mettre sur votre note d'honoraires, à l'instar des assurances – auto: tant (dont taxes 30 % soit tant)…
Cher collecteur d'impôts, vous travaillez huit mois sur douze pour l'Etat. Si on ajoute une TVA moyenne de vos dépenses à 18,6%, c'est même 260 frs de pouvoir d'achat qui vous reste, soit neuf mois pour l'Etat.
Si vous n'avez pas encore compris qu'un syndicalisme fort (plus d'adhérents = plus d'argent), surtout défendant spécifiquement vos intérêts, peut arrêter cette décadence, alors vous ne devrez vous en prendre qu'à vous-même.
Nombre d'entre vous auront payé 30 ou 50.000 de plus de cotisations d'A.F. et hésitent à payer 1.000 ou 1.500 frs de cotisations syndicales déductibles qui pourraient enfin donner une petite impression de résistance.
Les chirurgiens ont maintenant, splendide cadeau, un strapontin à la Commission de la Nomenclature sur 18 sièges et l'assurance de vos mains n'est toujours pas considérée comme frais professionnel.
Si vous espérez autre chose que de mourir au travail, vidé par l'immonde sangsue, adhérez au moins au seul syndicat qui peut vous représenter et qui est le seul à défendre réellement vos intérêts. "
Jérôme EUVRARD
 
La seconde réunion de " Chirurgiens de France
Réunie à nouveau le 10 juillet 2003 au Centre Assas, cette rencontre de "CHIRURGIENS de FRANCE" avec de nouveaux représentants fut assez décevante.
Philippe CUQ fut confirmé comme porte-parole exclusif de cette nouvelle organisation prenant la forme d'une Association loi de 1901, mais non encore pourvue de statuts. Un plan d'action élaboré par Ph. CUQ fut âprement discuté sur des points qui, aux yeux de certains n'avaient pas la même priorité, en particulier de placer les principaux objectifs sur la réouverture du secteur 2 et l'appel simplement esquissé aux hospitaliers publics pour constituer un front commun avec les libéraux. MEURETTE, venu pour la première fois, tout en paraissant soutenir cette initiative, se montra un des plus réticents à accepter de fondre l'organisation qu'il préside, l'U.C.F. dans la nouvelle structure. Il s'est ainsi trouvé dans la même situation que le COLLEGE face à l'U.C.F. qui s'en était emparé 7 ans plus tôt en 1996 avec l'espoir de rassembler à son profit la totalité des chirurgiens puisés dans le COLLEGE.! 
Le MANIFESTE
Pour préparer cette réunion qui avait été annoncée par le Quotidien du Médecin  n°7367 du 10 juillet 2003   et amorcer la discussion, j'avais rédigé un avant-projet de MANIFESTE revu et amélioré par J.G. BRUN et Alain RICCI. Par discrétion et pour ne pas indisposer les autres participants, nous n'avions pas indiqué l'origine de ce document qui se voulait oecuménique.
En voici le texte :
" Devant le déclin inexorable de la situation morale et matérielle des chirurgiens français qui atteint l'insupportable depuis l'impossibilité avérée d'être correctement assurés malgré deux lois consécutives et toujours imparfaites, une nouvelle structure de défense professionnelle indépendante s'est imposée devant l'impéritie des pouvoirs publics.
"Cette structure regroupe toutes les spécialités chirurgicales, publiques ou privées, exercées sous contrainte d'un plateau technique lourd.
"Faute d'avoir été entendus par les tutelles et les "décideurs" de tous bords politiques inlassablement informés depuis plus de 30 ans, les chirurgiens français ont décidé d'alerter directement la population des menaces sérieuses qui pèsent déjà sur la qualité qu'elle attend des soins chirurgicaux et sur la disparition programmée d'un métier encore auréolé de son passé prestigieux, mais dont la relève n'est plus assurée depuis 1990. Or, il faut toujours 20 ans pour former un jeune chirurgien expérimenté.
" Pourquoi se donner tant de mal pour un avenir si médiocre ? " répondent les étudiants en médecine qui se détournent déjà de cette carrière qui exige tant d'efforts et dont la lettre-clé "technique" est bloquée depuis pratiquement 40 ans alors que toutes les autres clés "cliniques" ont régulièrement suivi la courbe de l'inflation !
"Que dire aussi des émoluments hospitaliers qui ne progressent uniquement qu'à l'ancienneté pour des fonctions comportant des obligations totalement différentes des autres disciplines et dont la pénibilité reste ignorée ?
"N'ayant plus rien à perdre, les Chirurgiens de France ont décidé de sortir de leur réserve pour entreprendre des actions comparables à celles qui réussissent si bien aux autres catégories socio-professionnelles qui n'ont ni les mêmes responsabilités ni les mêmes charges dans la société civile.
"Nonobstant la période économique actuelle de récession, les Chirurgiens de France réclament d'urgence quelques mesures simples, parfaitement applicables immédiatement :
  • Accès de droit au secteur 2 à tous les chirurgiens qualifiés
  • Intégration sur leur demande dans les services hospitaliers publics vacants à tous les chirurgiens titulaires des diplômes et concours français.
  • Révision urgente de la loi ABOUT-MATTEIValorisation immédiate de la lettre-clé KCC attendue depuis sa création en 1997 (!)
  • Participation décisionnelle des Chirurgiens de France à toutes les structures ou organismes d'évaluation, de gestion et d'organisation de leur discipline.

" Mais par qui serons nous opérés demain ? se demandent déjà certains de nos concitoyens. Connaissant les besoins incompressibles de la population et seuls capables d'y faire face, les Chirurgiens de France, pleinement conscients de la surdité historique des tutelles à leur égard, n'hésiteront pas au contact permanent des réalités quotidiennes à saisir tous les moyens pour se faire entendre de l'opinion et obtenir son soutien afin de sortir de cette crise majeure.

Paris, le 10 juillet 2003

 

Quel fut le sort de ce manifeste ? Personne n'ayant préparé un texte, celui de l'UCCSF fut distribué mais ne fut ni lu en séance comme un avant-projet, ni même discuté. Ph. CUQ qui avait clairement développé son plan d'action au tableau, ne l'avait pas formalisé préalablement par écrit et la discussion était partie dans tous les sens, avec la véhémence et l'indiscipline propre aux chirurgiens.

Comme dans toute réunion de ce genre, les uns et les autres venus de province avaient tous un train ou un avion à prendre. Finalement, seul un petit groupe poursuivit la discussion entamée par Ph. CUQ, demeuré sur place, mais aucune conclusion ne fut dégagée ni à plus forte raison adoptée.

Finalement, Chirurgiens de France prendra probablement la forme d'une Association dont les statuts devront être rédigés, discutés puis approuvés lors d'une prochaine Assemblée Générale constitutive, probablement après les vacances, c'est-à-dire au mieux fin août, début septembre 2003, dans une période qui s'annonce déjà alourdie par la réforme attendue de l'Assurance-maladie.

Quels seront les moyens dont cette Association encore disparate pourra disposer ?

Tout se résume finalement à une déclaration d'intentions verbales entre plusieurs syndicats "verticaux" de chirurgiens de spécialités différentes, les uns autonomes, et les autres juridiquement affiliés à une centrale catégorielle représentative. Un seul répond à la définition recherchée : il regroupe des chirurgiens de spécialités différentes. Il est autonome et indépendant. De plus, il dispose SEUL d'une REPRESENTATIVITE OFFICIELLE. Il deviendra le porte-parole obligé de la nouvelle Association jusqu'à ce qu'elle se structure définitivement.

A moins d'un sursaut miraculeux, on voit mal cette structure nouvelle s'inspirer de l'expérience du passé qu'elle ne connaît pas ou mal et qui a l'espoir de se faire entendre rapidement sur ses propres arguments, quels que soient leur pertinence, le dévouement ou la qualité personnelle et professionnelle de ses dirigeants.

 

L'appel de Jean Judet

Les Cahiers de Chirurgie ont contribué à faire connaître le déclin de la chirurgie française à l'opinion publique. Cet appel lancé par un des plus illustres chirurgiens français invitait les praticiens encore isolés à rejoindre le mouvement syndical dont les Cahiers de Chirurgie étaient le vecteur le plus autorisé.

A l'occasion de l'Assemblée Générale du Collège National des Chirurgiens Français qui s'est tenue à Paris le 1er octobre 1991, notre ami Jean JUDET a lancé l'appel ci-après. Je crois qu'il constitue un témoignage irrécusable du déclin progressif de la chirurgie dans la société française dont les pouvoirs publics portent la lourde responsabilité.

Obnubilés par l'image tenace d'opulence et de facilité de cette spécialité qui exige tant d'efforts et de sacrifices, les décideurs sont restés sourds aux avertissements chiffrés que le COLLEGE leur a fourni pendant 30 ans, considérant qu'il s'agissait d'une défense corporatiste comme tant d'autres.

Chacun peut désormais constater l'irréparable.

" J'ai fait toute ma carrière jusqu'à ces dernières années, comme chirurgien isolé. La liberté de notre profession était totale : liberté d'indications opératoires, de prescription, de conduite de traitement.e chirurgien était entouré de respect et de considération; ses décisions étaient libres et sans appel. Les problèmes financiers de la Sécurité Sociale, qui pèsent actuellement et si lourdement sur notre métier, ne se posaient pas.

Jean JUDETCes possibilités, cette liberté se sont peu à peu restreintes.
L'esprit revendicatif de certains malades n'atteint certes pas ce qu'il est aux U.S.A., mais se précise chaque année. Il faut dire que parallèlement, le prestige qui entourait la profession de chirurgien s'est amoindri. Il arrive que les médias nous mettent en cause, à tort généralement, ou à raison parfois.
Les procédés regrettables de certains confrères ont terni l'image de la médecine. Ils sont une très petite exception à mettre en balance avec les trésors de dévouement et de savoir déployés par l'immense majorité du corps médical. Sans doute, y a-t-il quelques ombres sur la médecine, mais combien de lumière. !
Quant aux organismes administratifs, ils sont loin d'être bienveillants à notre égard. Un état d'esprit existe dans les sphères dirigeantes qui pousse à une médecine plus ou moins étatisée où nous ne serons plus que des agents techniques d'exécution, soumis aux volontés administratives.
Allons-nous nous laisser faire ?
Un fait est certain : dans le monde actuel, seules peuvent se faire entendre des corporations organisées. Seules sont efficaces des actions de masse. L'individu compte peu.
JE LANCE DONC UN APPEL à nos collègues jeunes, ou plus âgés pour qu'ils rejoignent l'organisme qui peut les défendre. Cet organisme existe : c'est le COLLEGE NATIONAL des CHIRURGIENS FRANCAIS. Il date de 20 ans et groupe déjà de nombreux confrères. Il a fait ses preuves pour la défense souvent victorieuse de ceux qui étaient attaqués. Sa voix commence à être écoutée des Pouvoirs Publics et Judiciaires.
Aucun de nous, quels que soient ses titres et sa notoriété, n'est à l'abri d'une attaque malfaisante.
Tout chirurgien, a, a eu ou aura au cours de sa carrière, au moins une difficulté 
  • avec son employeur hospitalier ou sa clinique,
  • avec son associé ou son personnel,
  • avec un malade mécontent,
  • avec la Sécurité Sociale ou la Justice.

Notre COLLEGE est dirigé par des collègues bénévoles, dévoués, instruits et qui ont fait leurs preuves.

ROMPEZ VOTRE ISOLEMENT, REJOIGNEZ - NOUS.

Plus nous serons nombreux, plus nous serons forts pour notre défense matérielle et morale.

Notre profession est attaquée. Le Général de GAULLE disait : "Le combat est la loi de la vie" !

Livrons notre combat et nous le gagnerons. Nous avons à défendre nos intérêts matériels sans doute, mais surtout notre idéal.

Jean JUDET
Membre de l'Académie de Chirurgie
Professeur au Collège de Médecine des Hôpitaux de Paris
Ex-Président de l'Académie de Chirurgie