Au fil des années, la Sécurité Sociale est devenue une vaste organisation de redistribution des revenus et de transferts sociaux au service d'une idéologie collectiviste certes généreuse mais inadaptée à la mondialisation de l'économie et à l'évolution des progrès techniques et des mentalités.

La Sécurité Sociale doit retrouver le système d'assurance de sa création tout en responsabilisant sa clientèle, comme n'importe quelle assurance, à la carte, selon ses moyens et ses objectifs personnels.

Sans aller jusqu'au système du bonus/malus que tout automobiliste a parfaitement assimilé, chaque citoyen doit pouvoir se comporter comme un adulte et cesser d'être materné dans une société qui le prend en charge du berceau au cercueil.

Cette conception n'exclut pas, dans une société soucieuse de sa cohésion sociale, la création d'un système d'assistance minimale pour les plus défavorisés ou les moins prévoyants.

En élevant le sujet, cette réflexion va probablement heurter le lecteur parfois influencé par le credo dominant mais qu’importe...!

La plupart des difficultés rencontrées par le système de protection sociale institué depuis 1945 au lendemain de la Libération et mis en œuvre par Pierre LAROQUE, un éminent juriste, résultent, à mon avis, d'une conception socio-philosophique hautement respectable de la « solidarité » entre les individus, pris en charge par la collectivité.

Frédéric BASTIAT (1801-1850), économiste peu connu mais fin connaisseur des comportements humains, avait comparé les systèmes de secours mutualistes en vigueur aux futures assurances sociales étatisées : ses prédictions se vérifient... 150 ans plus tard !

A peu près à la même époque, François GUIZOT (1787-1879) s'est rendu célèbre avec son fameux « Enrichissez-vous », citation souvent volontairement amputée de la fin : « par le travail et l'épargne ! » où chaque individu se prend totalement en charge puis transmet librement ses biens et son expérience à sa descendance.

On notera au passage que DENG XIAOPING, successeur de MAO TSE TOUNG, s'est contenté d'un simple « enrichissez-vous » dont chacun peut constater aujourd’hui les effets.

De BASTIAT l'économiste à GUIZOT l'homme politique, on peut tirer des arguments concordants pour une réflexion sur l'avenir de la société du XIX ème siècle. Notre société du XXI ème siècle semble toujours indécise dans ses choix médico-sociaux. Peut-on évoquer ces recherches bien oubliées et s'en inspirer ?

Quel sera l'homme d’Etat - français ou européen - capable d'harmoniser ces deux conceptions antinomiques « avant que ne survienne le jour d’une explosion ? » (in Les Harmonies Philosophiques de F. BASTIAT)

Quel est le philosophe dont l'approche scientifique permettrait de surmonter les antagonismes doctrinaux, sociaux et économiques de notre société en cours de "mondialisation" ? Un seul nom s'impose pour l'instant : celui d'Auguste Comte (1798-1857), un précurseur dont le "positivisme" serait probablement mieux compris de nos jours.