Docteur en médecine (Thèse Paris, 25 avril 1945), qualifié chirurgien au terme de son internat en 1950, Raymond GATELMAND (biographie) a exercé à Neuilly sur Seine pendant 37 ans, simultanément dans le secteur public hospitalier à temps partiel et comme praticien libéral en clinique conventionnée.
Parallèlement, il s'est consacré pendant plus d'un demi-siècle à la défense professionnelle par les voies ordinales et syndicales, mais refusant tout engagement politique.

Ce livre de souvenirs et de réflexions survole une période suffisamment longue pour mesurer l'importance des progrès scientifiques et techniques intervenus dans la pratique médicale quotidienne, et leurs conséquences économiques, sociales et même politiques.
Ayant observé dans de multiples instances la préparation, le déroulement et la mise en application des innombrables réformes entreprises pendant toute cette période, l'auteur mesure l'écart entre l'intention du législateur et le résultat sur le terrain, faute de persévérance dans l'action d'un gouvernement à un autre et même paradoxalement au sein d'une même majorité. L'échec de la départementalisation hospitalière ou l'incroyable retard de la tarification par pathologie en sont deux exemples démonstratifs.
Victime de sa réputation d'opulence et de prospérité apparente, la chirurgie a été délibérément sacrifiée.
Les rivalités syndicales, souvent mal connues de chaque nouvelle équipe ministérielle, peuvent entraîner des répercussions en chaîne et dénaturer une réforme. Ainsi, derrière les nobles discours sur la maîtrise médicalisée opposée à la maîtrise comptable des dépenses d'assurance maladie, l'histoire cahotique des conventions se comprend mieux à la lumière de la compétition entre syndicats médicaux militant soit pour le retour à la convention unique, soit pour des accords catégoriels adaptés aux multiples modalités d'exercice.
A travers une société industrialisée en cours de transformation rapide pendant les 70 années écoulées, la médecine sociale fondée sur le principe illimité de solidarité est devenue un bien de consommation que les pouvoirs publics, quelle que soit leur approche idéologique, s'efforcent de contenir dans un PIB qui obéit aux fluctuations économiques mondiales.
Vu de la base, ce problème médico-social ne semble pas pouvoir trouver aujourd'hui d'autre solution équilibrée qu'à l'échelle de l'Europe, dans le cadre d'une harmonisation des différents régimes de protection sociale. Par contre la redécouverte récente des principes politiques de François GUIZOT et les prévisions économiques d'un Frédéric BASTIAT déjà formulées au XIX ème siècle invitent à relire aussi les réflexions philosophiques et sociales d'Auguste COMTE, leur contemporain et adepte du « positivisme », au moment où la société du XXI ème siècle recherche sa future orientation.